Maël Guégan : « Franchir une étape supplémentaire » Maël Guégan s'est régulièrement montré à l'avant tout au long de la saison. Photo : CIC U Nantes Atlantique

Nous avons eu le grand plaisir de pouvoir nous entretenir avec Maël Guégan (25 ans) qui évolue au sein de la formation continentale CIC U Nantes Atlantique. L’occasion pour nous de revenir sur la saison 2023 de Maël mais également de nous projeter sur ses objectifs en 2024.

INTERVIEW. Maël Guégan a rejoint les rangs de la formation CIC U Nantes Atlantique en 2022. Audacieux autant qu’endurant sur le vélo, Maël est doté d’un tempérament offensif, il n’hésite jamais à tenter des coups de loin, comme lors du Tro-Bro Léon 2023 où après avoir fait partie de l’échappée matinale, il parvient à décrocher une belle 17e place. Il y a quelques jours, le natif de Saint-Nazaire nous a fait le plaisir de nous accorder un entretien.

Salut Maël, merci de nous accorder cet entretien ! En jetant un oeil sur ta saison 2023, on a le sentiment que tu as modifié ton approche au fil du temps, passant d’un attaquant au long cours à un coureur plus patient se sachant doté d’une jolie pointe de vitesse. On a visé juste ?

« Je ne sais pas si j’ai changé de philosophie de course. J’ai toujours été conscient que j’avais une pointe de vitesse. J’ai gagné énormément de courses chez les jeunes, j‘ai même remporté des courses UCI en catégorie juniors. J’apprécie de mettre cette pointe de vitesse à profit sur des courses qui me conviennent particulièrement bien. Il me faut des courses de plus de 200 km pour vraiment parvenir à tirer mon épingle du jeu. »

« Lorsque les courses sont longues je parviens à aller jouer les sprints. En début de saison, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de le faire, il y a eu beaucoup de courses à étapes, beaucoup de courses où le scénario était souvent fixe. On avait également une bonne carte à jouer avec Emmanuel qui est encore plus sprinteur que moi. Du coup, c’était l’occasion pour moi d’aller me glisser dans les échappées. Avec mon endurance, si un jour une échappée parvient à aller au bout, je dispose d’une pointe de vitesse qui me permettra peut-être de conclure. »

Maël Guégan : « la différence de niveau ne se fait pas vraiment ressentir entre nous et une WorldTour »

A titre personnel, que retiens-tu de la saison 2023 ?

« J’ai encore de gros souvenirs du Tro-Bro Léon. C’est l’une de mes courses préférées dans le calendrier français. Avoir été capable de passer toute la journée à l’avant, c’est quelque chose d’assez fort. Mais faire la journée devant, est une chose. Avoir pu résister au groupe des favoris qui est rentré sur nous, c’était encore plus fort. Etre présent à l’arrivée et parvenir à faire un top 20, c’était magnifique. Pour moi, c’est vraiment une des plus belles courses en France, surtout dans cette belle région qu’est la Bretagne, avec cette ambiance incroyable sur le bord des routes. »

« Le Tro-Bro Léon, c’est l’une de mes courses préférées dans le calendrier français. Avoir été capable de passer toute la journée à l’avant, c’est quelque chose d’assez fort »

En 2023, Maël Guégan s'est régulièrement illustré en prenant part à de belles échappées au long cours. Photo : Maël Guégan.
En 2023, Maël Guégan s’est régulièrement illustré en prenant part à de belles échappées au long cours. Photo : CIC U Nantes Atlantique.

N’est-ce pas trop difficile de se mesurer à des équipes du WorldTour ?

« De manière générale, la différence de niveau ne se fait pas vraiment ressentir entre une équipe comme CIC U Nantes Atlantique et une WorldTour. On s’entraine autant qu’une équipe du WorldTour et on parvient à rivaliser avec eux en course. Par contre, la différence se fait surtout ressentir en terme de préparation et de stages mais également pour tout ce qui est nutrition, budget et organisation. Les budgets sont plus conséquents dans les équipes du WorldTour. Tous ces détails cumulés donnent finalement de grosses différences en course. Mais on sait aussi que le cyclisme est un sport où rien n’est jamais écrit d’avance. C’est aussi pour cette raison que j’ai cette envie de tenter des échappées et de faire la course à l’avant. »

Maël Guégan apprécie les courses au terrain difficile comme ici lors de Paris-Tours 2023. Photo : CIC U Nantes Atlantique

« La différence se fait surtout ressentir en terme de préparation et de stages mais également pour tout ce qui est nutrition, budget et organisation. Les budgets sont plus conséquents dans les équipes du WorldTour »

Aspires-tu à franchir un cap et, pourquoi pas, intégrer le WorldTour ?

« L’idée, ça serait de franchir une étape supplémentaire et de voir comment ça se passe à l’échelon supérieur. J’ai envie de voir jusqu’où je pourrais aller avec toutes les conditions optimisées. Mais ça ne dépend pas que de moi. Mon agent a eu pas mal de contacts. Mais le problème actuellement, c’est cette course à la surenchère en ce qui concerne les jeunes. Mais je suis super heureux d’être à Nantes, c’est une grande famille qui nous a donné l’opportunité de courir chez les pros au sein d’une très bonne ambiance. Les coureurs de ma génération n’ont pas eu cette opportunité. Lorsque j’étais junior, ce n’était pas normal de passer directement pro. Mais une partie de moi se félicite d’avoir un bagage d’études, d’avoir eu l’opportunité d’aller à la fac et d’obtenir ma licence en science de la Vie et de la Terre. Là, tous ces jeunes à qui ont propose des contrats n’ont pas la possibilité de continuer les études, c’est dommage. »

Maël Guégan : « Paris-Roubaix, c’est une course qui me fait rêver évidemment »

Quels sont tes objectifs pour la saison à venir ? Ton programme est déjà ficelé ?

« Je connais le programme de la saison 2024 dans les grandes lignes, il bouge finalement assez peu. Il y a des courses qui me conviennent et qui me plaisent toujours autant comme le Grand Prix de Denain, le Tro-Bro Léon ou Paris-Tours. Ce sont des courses longues, avec soit des chemins ou soit des pavés, où il y a un véritable écrémage qui se fait naturellement durant la course. J’apprécie ce type de course très usante où tout le monde termine rincé. C’est là où je peux vraiment tirer mon épingle du jeu. »

Lorsque je t’écoute, je me dis que Paris-Roubaix doit certainement être la course de tes rêves, je me trompe ?

« Paris-Roubaix, c’est une course qui me fait rêver évidemment. J’ai d’ailleurs eu l’opportunité d’y participer lorsque j’évoluais chez les espoirs, je n’avais pas été épargné par la malchance. C’est une course que j’aime mais je me dois de rester réaliste. J’ai encore du boulot, c’est un autre niveau. Il y a beaucoup plus de secteurs pavés que sur le Grand Prix de Denain, par exemple, ça n’a vraiment rien à voir. »

As-tu des stages d’équipe prochainement prévus ?

« Juste après Paris-Tours, on a effectué un stage de cohésion pour apprendre à connaître toutes les nouvelles recrues. On en a profité pour essayer les nouvelles tenues, le matériel, bref toute la paperasse. On aura ensuite un premier stage vers la mi-décembre et un second stage d’environ deux semaines en janvier. En général, les stages se font dans le Sud de la France. »

Un petit mot sur l’effectif 2024 du CIC U Nantes Atlantique ?

« Si je me rappelle bien, nous sommes 6 qui sommes restés et l’équipe a enregistré 6 ou 7 arrivées donc la moitié de l’effectif a été renouvelée. Du coup, le stage de cohésion était plutôt nécessaire et s’est d’ailleurs bien passé. Anthony (Ravard, ndlr) sait ce qu’il fait en terme de management et de recrutement. Il prend des têtes bien pensantes, il ne fait pas n’importe quoi sur le recrutement. »

Maël, que peut-on te souhaiter pour 2024 ?

« Qu’une échappée aille au bout et que je puisse lever les bras pour la 1ère fois chez les pros ! »

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