
Meilleur grimpeur, meilleur sprinteur, meilleur baroudeur,… Ces titres non-officiels sont au cœur des discussions entre fans de cyclisme. TotalVelo a choisi des critères afin de faire ressortir un classement pour chacune de ces catégories, pour les hommes et les femmes. Les spécialistes des échappées en World Tour sont notre sujet du jour.
Les baroudeurs sont une espèce menacée dans le peloton World Tour. Certes, il y a toujours des candidats pour partir de loin. Mais quelle proportion réussit? En 2023, seules deux échappées dites « matinales » sont allées au bout sur les courses par étapes d’une semaine (les deux lors d’étapes de montagne du Critérium du Dauphiné). Les attaquants ont encore des opportunités sur les Grands Tours car les grosses équipes doivent s’économiser sur certaines journées et le peloton s’affaiblit progressivement.
En revanche, pour notre plus grand bonheur de spectateurs, il n’est plus rare d’assister à des attaques plus tardives à 20, 30, 40 voire 50 kilomètres de l’arrivée dont une bonne partie est couronnée de succès. Celles-ci ont été prises en compte pour établir le classement suivant, tout en favorisant dans notre barème les baroudeurs sortis durant la première partie de course.
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c’est le nombre d’échappées qui sont allées au bout sur les courses par étapes d’une semaine du World Tour en 2023
N°1 – Remco Evenepoel, la terreur des échappées
Remco Evenepoel domine ce classement grâce à ses quatre échappées du Tour d’Espagne qui sont allées au bout (avec deux victoires au Puerto de Belagua et au Puerto de la Cruz de Linares) mais pas seulement. Le Belge n’a jamais craint de se lancer dans des offensives lointaines comme sur Liège-Bastogne-Liège et à la Clasica San Sebastián ou dans les bordures de l’UAE Tour. Il fut si redoutable qu’il a reçu peu de soutien dans ses diverses escapades. Sa seule présence retenait tout l’attention. Pourtant, il n’était pas invincible et a perdu plusieurs fois par excès de confiance.

N°2 – Einer Rubio, le suiveur planqué
Einer Rubio ne brille pas par sa collaboration au sein des échappées. Le petit Colombien sait parfaitement s’y cacher et s’économiser, ce qui en fait un rival dangereux en fin de course. Intégrer le bon coup n’est jamais facile. Rubio a réussi à le faire six fois (trois sur le Giro, trois sur la Vuelta) et à gagner un étape sur le Tour d’Italie en profitant de la guéguerre entre Thibaut Pinot et Alexander Cepeda. On se souvient aussi de sa victoire Jebel Jais où il a résisté aux favoris pendant onze kilomètres sur des pentes très roulantes : preuve qu’il serait injuste de lui refuser le statut d’attaquant.

N°3 – Derek Gee : le héros du Giro
Derek Gee est sorti de l’anonymat sur le Tour d’Italie par son omniprésence dans les échappées, et cela sur tous les terrains. Il est allé au bout six fois sur sept tentatives mais ne s’est pas imposé, tombant toujours sur plus rapide ou meilleur grimpeur que lui.

N°4 à 5 – Barguil et Denz
L’un a cumulé les échappées sans réussite, l’autre est devenu un chasseur d’étapes émérite.

Warren Barguil a eu le don pour sentir les bonnes échappées sur le Tour d’Italie et le Tour de France. Il lui a toujours manqué quelque chose pour l’emporter. Sur six tentatives jouant la gagne, son meilleur résultat est une 3e place à Palafavera.

Nico Denz est l’archétype du baroudeur efficace avec deux victoires sur deux échappées lors du Tour d’Italie. Il fut moins en réussite sur la Vuelta malgré une 3e place sur l’étape de Madrid.
N°6 à 10 – Pogačar, Bilbao, Skujiņš, Zimmermann et Van der Poel
Dans la partie inférieure de ce top 10 apparaissent des coureurs ayant effectué peu ou pas d’échappées au long cours. Ils se sont illustrés lors des classiques en lançant la course de loin.

Tadej Pogačar un baroudeur? Pas à proprement parler. Ses raids lointains répétés sur les classiques légitiment sa place ici : 90 km à l’Amstel, 50 km au Ronde, 30 km en Lombardie, etc.


Pello Bilbao a obtenu ses meilleurs résultats de la saison lors d’échappées sur des courses difficiles sur le Tour de France (vainqueur à Issoire, 3e à Courchevel) et la Clasica San Sebastián (2e).
Toms Skujiņš a tout tenté pour obtenir sa première victoire sur un Grand Tour lors du Giro où des anticipations judicieuses lui ont permis de sprinter pour la gagne à deux occasions. Nico Denz l’a privé des lauriers à chaque fois.


Georg Zimmermann est, avec Giulio Ciccone, le seul coureur à s’être imposé en échappée sur une course par étapes d’une semaine. Il est passé proche d’un succès encore plus prestigieux sur le Tour de France, battu par Pello Bilbao à Issoire.
Mathieu van der Poel a remporté Paris-Roubaix et le Championnat du monde sur des courses lancées à plus de 100 kilomètres de l’arrivée. On l’a également vu en baroudeur sur le Tour de France avec moins de réussite.
Mention spéciale à Thibaut Pinot
Thibaut Pinot est 11e de ce classement ex aequo avec Wout Poels. Son panache sur le Tour et le Giro a frappé les esprits mais ne fut par récompensé par une victoire. Nous tenions néanmoins à le mentionner car il a marqué l’exercice du baroud en 2023.

Le top 10 des baroudeurs de la saison 2023
1 🥇
2 🥈
3 🥉
Rang | Nom | Âge | Equipe | Nation | Score |
---|---|---|---|---|---|
1 | Remco EVENEPOEL | 23 ans | SOUDAL QUICK-STEP | Belgique | 11 |
2 | Einer RUBIO | 25 ans | MOVISTAR TEAM | Colombie | 7,8 |
3 | Derek GEE | 26 ans | ISRAEL – PREMIER TECH | Canada | 7,7 |
4 | Warren BARGUIL | 32 ans | TEAM ARKÉA – SAMSIC | France | 6,7 |
5 | Nico DENZ | 29 ans | BORA – HANSGROHE | Allemagne | 6,6 |
6 | Tadej POGAČAR | 25 ans | UAE TEAM EMIRATES | Slovénie | 5,9 |
7 | Pello BILBAO | 33 ans | BAHRAIN VICTORIOUS | Espagne | 5,6 |
8 | Toms SKUJIŅŠ | 32 ans | LIDL-TREK | Lettonie | 5,2 |
9 | Georg ZIMMERMANN | 26 ans | INTERMARCHÉ – CIRCUS – WANTY | Allemagne | 5,2 |
10 | Mathieu VAN DER POEL | 28 ans | ALPECIN-DECEUNINCK | Pays-Bas | 5,1 |
Exit le cumul des kilomètres
Ce classement est établi par un système d’addition de points plutôt classique. Il n’était pas question d’utiliser le nombre de kilomètres passés à l’avant, indicateur très utilisé mais peu pertinent ici. Pour scorer, un coureur ayant participé à une échappée doit impérativement avoir fini la course avant le premier coureur du peloton ou issu de celui-ci. Plus il a attaqué de loin, plus il marque de points. Le dernier élément est sa réussite finale : le score est doublé s’il gagne et multiplié par 1,5 s’il dispute le sprint pour la victoire.
Un membre d’échappée matinale marque 1 point par défaut. Les attaquants sortis plus tard dans la course marquent 0,1 par tranche de dix kilomètres (par exemple 0,5 s’ils ont attaqués à entre 50 et 59 kilomètres de l’arrivée). Les vrais baroudeurs sont ainsi favorisés mais les attaquants tardifs peuvent bien figurer en effectuant régulièrement ces performances (d’où les présences de Pogačar et Van der Poel dans le top 10).